Chapitre 3 : Bromo et Kawah Ijen (Java)

L’île de Java et ses volcans : Bromo et Kawah Ijen

 

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Nous atterrissons à Surabaya, des singes pleins les yeux après notre immersion au sein de la jungle de Bornéo (lire l’article). Direction Bromo.

On avait vu qu’il y avait des trains suivis de bus pour nous emmener à Cemoro Lawang (village de départ pour la montée du volcan Bromo) sauf qu’on n’avait pas envie de s’embêter et surtout que les horaires ne correspondaient absolument pas avec les nôtres.

Wati (l’assistante guide de notre séjour à Bornéo) nous avait donné le contact d’un taxi qui pourrait nous emmener de Surabaya à Cemoro Lawang puis au volcan Kawah Ijen. Nous trouvions le tarif un peu excessif et le taxi était vraiment dur à la négociation par message. Bref, il nous envoie quand même un chauffeur pour nous récupérer à l’aéroport.

Par curiosité, une fois arrivés sur place, nous demandons aux agences de taxi quel serait le tarif pour 2 jours sur le même trajet. Stupéfaction! Elle nous annonce le prix que l’on essayait de négocier avec l’autre taxi.

Ah non! Pas envie de se faire enfler, on va voir le chauffeur qui nous attendait en lui disant que s’il ne s’aligne pas, on prendra avec l’agence. Pas cool mais on n’est pas non plus là pour se faire avoir. Il appelle son patron qui refuse catégoriquement. On lui explique gentiment, on essaye d’appeler son patron en direct pour lui expliquer la situation et nous nous excusons car c’est vrai, ce n’est pas très correct. Mais on lui a quand même laissé le choix de s’aligner. Il nous dit « ok, prenez avec l’autre agence ».

Au moment où nous attendions la voiture qui nous emmènera, le taxi d’origine commence à piquer un scandale. On vous passe les détails mais s’en est suivi un débat pas possible, passant d’engueulades entre chauffeurs, entre nous et les chauffeurs, entre Jérémie et moi… nous essayions de ne pas impliquer nos parents mais eux se sentaient aussi impliqués… bref, on décide de filer un billet au premier gars qui est venu pour lui rembourser l’essence et histoire d’être correct avec lui. Mais quand on lui donne le billet, il voulait beaucoup plus (on avait calculé en fonction du prix de l’essence ainsi que le nombre de kilomètres à parcourir). Le retour sur Java était très tendue.

Un café avalé en 4ème vitesse, et la voiture est enfin arrivée.

Tout le monde à réussi à se détendre et à rigoler quand la fameuse voiture n’avançait quasi pas, comme si le chauffeur était en panne d’essence… finalement, après avoir passé la 3ème c’était parti.

Après 6 bonnes heures, nous voici arrivés dans le plus pourri des hôtels que l’on ai fait. En même temps, ici, il ne faut pas s’attendre à avoir un hôtel décent. C’est tellement touristique, que les hôtels sont sûrs d’être complet malgré un rapport qualité/prix improbable. Heureusement, nous y resterons que quelques heures car le lendemain matin, nous devons être debout à 3h30 et partir vers 4h pour le lever de soleil sur le Mont Bromo.

 


Le mont Bromo (Gunung Bromo)

 

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Ce volcan culmine à 2329 mètres d’altitude et son cratère fait 800 mètres de diamètre et 200 mètres de profondeur.

La majorité de la population autour de ce volcan est hindouiste, d’où son nom qui dérive du dieu créateur de l’hindouisme: Brahma.

Ce volcan se trouve au milieu d’une plaine de sable gris (ancien cratère) de 10km de diamètre. 

Ouch… le réveil pique. Personne n’a vraiment beaucoup dormi, en plus il fait vraiment super froid ici. Les yeux encore tout endormis, nous retrouvons notre chauffeur et en voiture Simone, direction le Bromo.

La nuit est vraiment noire, on voit des étoiles. Ceci nous rassure, on aura normalement un beau lever de soleil.

Franchement, la montée est raide et la remise au sport pour certains d’entre nous se fait ressentir. Cette marche d’une bonne heure nous réchauffe même si plus on monte, plus l’air est frais. Les papas et mamans s’arrêtent au premier stop. Il n’y a pas encore beaucoup de monde et une petite dame vend du café. C’est parfait.

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Nous continuons tous les deux notre montée qui s’avère être une petite partie d’escalade pour les premiers mètres. Nous sommes quasi seuls, traversant des petits chemins d’herbes hautes qui nous laissent des traces de rosée sur les pantalons. Les bruits bizarres d’animaux nocturnes ne rassurent pas Emmanuelle. Là-haut, c’est totalement blindé. Mais alors blindé de monde. On ne comprend pas. En fait il y a une route qui emmène les bus de touristes tout là-haut. Du coup, ce ne sont pas des dizaines de flash que l’on voit dans la pénombre mais des centaines.

Le jour commence à se lever. Nous avions trouvé un petit coin sans trop de monde. Le paysage est sympa avec ces tons roses mais pas transcendant. Bizarre, on ne s’attendait pas à ça. Jusqu’à ce que l’on se rende compte que l’on ne regardait pas au bon endroit… Les boulets!! Quand on vit ce volcan fumant au loin sur notre droite, on comprend pourquoi le Bromo ramène autant de touristes. C’est carrément un paysage lunaire qui se dessine sous nos yeux, quasi apocalyptique.

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Un désert de sable noir/marron avec plusieurs colonnes en son centre. On reste là, ébahi par le spectacle que nous offre cette matinée d’août. Il y a des moments où le réveil est difficile mais nous en sommes récompensés.

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Nous redescendons rejoindre nos parents pour partager ces moments ensemble.

 

Nous avons longuement hésité à monter directement sur le volcan ensuite mais la fatigue, la faim, le balai incéssant des 4×4 et bus touristiques nous ont laissé sur place, nous résignant à aller prendre un bon gros petit dej à l’hôtel après une dernière balade.

La journée n’est pas terminée et notre marathon du volcan se poursuit. Après avoir avalé notre petit dej, c’était reparti pour au moins 7h de voiture. La dernière heure est longue et notre super chauffeur doit traverser des routes pourries sous une pluie battante. Avec la fatigue, tout le monde à hâte d’arriver, notre chauffeur le premier.

C’est finalement en fin d’après-midi que l’on arrive enfin à notre petit hôtel toujours sous la pluie. Nous remercions mille fois notre chauffeur avant qu’il reparte vers Surabaya.

L’hôtel propose des tours pour monter au volcan Ijen. Nous prenons avec eux car c’est le moyen le plus simple. Cela comprend une heure de 4×4 pour aller jusqu’au pied du volcan, la montée du volcan avec un guide, les masques, le retour à l’auberge et le transport vers le port pour prendre le bateau vers Bali.

On englouti notre repas et allons nous coucher assez tôt ce soir, car le départ est prévu à 1h du matin. Oui oui!! On a fait faire ça à nos parents. Le pire c’est qu’ils ont suivi sans rechigner. Ils sont vraiment au top! Il paraît que l’avenir appartient à ceux qui se lève tôt. Enfin là, c’est pire que tôt quand même.

Nous croisons les doigts pour qu’il ne pleuve pas car sinon ça sera l’enfer.

1h: on regroupe les troupes autour d’un café qui réchauffe, les yeux bouffis de fatigue. Heureusement, la lumière n’est pas forte, personne ne se voit réellement ^^😜

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Kawah Ijen : rencontre avec la beauté et les « soufre-douleurs » du volcan….

 

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Le Kawah Ijen, culminant à 2799 mètres d’altitude et est toujours en activité. Des bouffées de soufre s’y dégagent tous les jours, elles sont particulièrement dangereuses pour la santé. Il enferme un lac considéré comme le plus acide de la planète.

Ce volcan attire désormais des milliers de touristes chaque année, mais il est avant tout une mine de soufre à ciel ouvert.

Chaque jours depuis près d’un siècle (1911) et encore de nos jours, des mineurs de tout âge s’aventurent dans les abîmes du Kawah Ijen pour y récupérer des énormes morceaux de soufre à coup de pioche, sans masque et sans protection dans les masses de fumées soufrées, brûlant les poumons, les yeux, la peau…

C’est près de 300 hommes par jour qui partent tôt le matin, marchent des kilomètres et des kilomètres pour ramener le plus de soufre possible. Avec eux: deux paniers d’osier de part et d’autre d’un morceau de bois qu’ils portent sur leurs épaules.

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La moyenne étant de 80 kgs de charge (parfois plus de 150 kgs pour les plus téméraires) marquant à vie leurs épaules frêles. Il faut ensuite remonter le cratère, le plus souvent en sandales, à travers la masse de touristes sur un chemin de pierres. Il faut refaire le chemin inverse pour descendre le soufre au pied du volcan afin que des camions emmènent les cargaisons jusqu’à l’usine de traitement. C’est un travail de titan, très dur et payé au lance-pierre.

Un mineur gagne en moyenne 100 000 roupies par jours, soit entre 6 et 7€/jour. Ils sont payés normalement au kilo. On comprend alors pourquoi certains jouent avec leur santé pour rapporter le maximum . 

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Mais à quoi sert tout ce souffre ?

 

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Après l’avoir traité, le souffre est utilisé et vendu pour la production de cosmétiques, d’engrais et d’insecticides ou encore pour le blanchiment du sucre! Société de consommation quand tu nous tiens… La destination phare de toute cette production : les Etats-Unis (plus de 50%) pour sa part agricole et l’Asie pour les cosmétiques.

 Heureusement où malheureusement, on ne saurait porter de jugement, ces pauvres mineurs se laissent photographier et prendre quelques selfies avec les touristes de passage en échange de quelques roupies ou cigarettes.

La plupart se transforme actuellement en guide, ce fut le cas du nôtre (Ali). En parlant avec lui, on découvre qu’il ne gagne pas plus en tant que guide mais que les conditions sont beaucoup plus faciles. Les jeunes veulent donc de plus en plus devenir guides touristiques, tandis que certains préfèrent continuer à travailler durement au cœur des émanations de gaz.

Nous sommes assez choqués au vu du prix que l’on paye l’excursion, puisque seulement 100000 roupies reviennent au guide. Nous n’hésitons pas à donner quelques roupies de plus à notre adorable petit guide à la fin de la matinée. 


C’est donc vers 2h du matin, que nous faisons connaissance de Ali, un jeune porteur de soufre de 25 ans. Il a commencé dès l’âge de 14-15 ans et appelle tous les autres porteurs, « ses frères ». On comprend déjà que c’est une communauté, qui a l’air de se serrer les coudes.

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Nous avons de la chance, il ne pleut pas.

Nous commençons la montée en suivant péniblement Ali. Il a bien l’habitude lui de monter cet immense volcan, il enchaîne même les cigarettes sans essoufflement, alors que nous, on tire déjà la langue derrière.

Le chemin est simple mais la difficulté se trouve dans le dénivelé. Parfois, on a vraiment l’impression d’une côte à 45 degrés. Heureusement on ne verra ce que l’on a monté que lors de la descente, un gros plus. Comme quoi le mental joue beaucoup.

Nous sommes étonnés du monde qu’il y a quand on voit l’heure qu’il est ainsi que la difficulté de la montée. D’anciens porteurs de soufre, se convertissent en porteur-humain. Ils ramassent à la pelle des personnes qui ne se sentent pas de monter et les mettent sur une petite chariote pour les tirer…

C’est vraiment dur et notre souffle essaye de s’adapter à l’altitude.

Nous arrivons là-haut et apercevons au loin des flammes bleues de soufre à travers la fumée toxique et les innombrables lumières des touristes qui commencent la descente au cœur du cratère.

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Y’a un peu de monde ???

A notre tour, nous entamons la descente, qui est assez dangereuse. Le chemin est uniquement fait de pierres et des touristes y font parfois débouler des pierres, d’autres veulent aller plus vite que tout le monde, d’autres remontent déjà… au plus on se rapproche du fond du cratère, au plus on se prend des bouffées de soufre. Nous mettons notre masque qui nous permet de mieux respirer mais les vapeurs passent parfois et  nous brûlent la gorge. Ali, en tant que super guide, savait exactement en fonction du vent, quand nous allions nous prendre la fumée. À chaque fois, il nous faisait accroupir dos à la vapeur derrière des rochers pour se protéger.

« Go Go Go Ali Group » nous lançait-il quand le vent changeait de sens et que nous pouvions continuer la descente. Nous avions vraiment l’impression de combattre quelque chose, il fallait le faire, ne pas abandonner. Ali nous a ramené du souffre et confectionné une « petite Tour Eiffel » !!

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Nous avons pu voir quelques flammes bleues produites par les dégagements de gaz du volcan.

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On ne savait pas pourquoi mais lorsque le soleil a commencé à pointer le bout de son nez, nous n’avons pas regretter cette souffrance physique et mentale.

Imaginez un lac bleu clair vif et pur apparaître devant vos yeux, délimité par des roches rouges à droite et jaunes de soufre à gauche. Un spectacle que nous n’oublierons pas. C’était magnifique.

Avec toute la fatigue accumulée ces derniers jours et ces efforts (oui oui, il faut le faire d’enchaîner la montée de 2 volcans avec quelques heures de sommeil), la récompense est décuplée.

Nous sommes fiers de nos parents et sommes encore plus heureux de partager ces moments incroyables qui resteront à jamais marqués dans nos mémoires.

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Nous remontons ensuite vers la crête du volcan, analysant visuellement ce que l’on a descendu. Nous croisons les porteurs de soufre, échangeons avec eux, notamment avec Pokémon (chacun se donne un nom de « scène » pour les touristes).

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Au passage, les hommes ont le droit à une initiation « porteur de souffre ».

Une fois là-haut, la vue est incroyable. Nous pouvons même voir d’autres volcans aux alentours. Pas un nuage nous bloque le panorama.

En redescendant, nous discutons beaucoup avec Ali, qui nous avoue timidement qu’il préfère quand même être guide.

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Vers 9h, il était temps de remercier chaleureusement Adi, d’aller prendre notre petit déjeuner avant de repartir sur une nouvelle île: Bali.


Où dormir ?

Bromo : le village le plus proche est Cemoro Lawang. Tous les hôtels se valent, sont chers et sont miteux. Nous étions au Yoshi’s Hôtel. Chambre ressemblant parfois à des chambres de bonnes sous les combles, d’autres sont mieux. Petit dej pas si mal (buffet) et eau chaude dans certaines douches. Prix : 300000 Rp soit presque 20€.

Kawah Ijen : Ijen Mineur Family Homestay. Le chemin pour y accéder est assez difficile, famille gentille mais on sent que ça devient vraiment du buisness. C’est dommage. Chambres basiques et douches chaudes. On reprochera juste que Adi, notre super guide, soit pas mieux rémunéré…

 


Où manger ?

Cemoro Lawang : on ne sait pas trop car on a mangé sur la route à chaque fois.

Kawah Ijen : on a mangé à la guest. Pour les gros mangeurs, et même les moyens, demandez deux plats^^ ils sont un peu radins sur les proportions.

 


Transport

Location de voiture pour 6 avec chauffeur pour 2 jours. Itinéraire : Surabaya-Bromo-Kawah Ijen. Trouvé à l’aéroport de Surabaya. Prix : on ne retrouve pas mais prenez avec les compagnies sur place, elles ont des prix honnêtes…

 


Activités payantes

Bromo : quelques roupies pour entrer dans le village (20000 Rp soit 1,3€).

Excursion Kawah Ijen : pris avec notre guest pour 1000000 Rp soit 64€ pour 2. Inclus : guide, visite Kawah Ijen, logement, transport vers port.

 

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